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À Molenbeek, le PTB nage à contre-courant

À Molenbeek, le PTB nage à contre-courant

Une quinzaine de personnes avec un bonnet, des lunettes et des brassards de natation au conseil communal de Molenbeek. Un élu de ce conseil avec les mêmes accessoires. Retour sur une lutte originale, collective et victorieuse avec Dirk De Block, un conseiller PTB qui n’a pas peur de se mouiller.

Jonathan Lefèvre, Solidaire

 

C’est le 10 juin, à la Copaloc (commission paritaire locale de l’enseignement officiel) que cette suppression des cours de natation en première et deuxième primaire a été évoquée. Lorsque la section du PTB a appris cela, elle a lancé une action. « Aller à la piscine, c’est une activité saine, et pas chère, accessible à beaucoup de familles, explique Dirk De Block. Pour ceux qui ne peuvent pas se payer des vacances, la piscine, ou une visite à un parc aquatique, c’est leur activité de vacances. Tous les parents n’ont pas l’argent pour payer des cours privés de natation. »

L’élu rappelle que cela s’inscrit dans une vision plus globale : « La majorité, composée du MR-OpenVld, Groen-Ecolo, cdH-CD&V, a déjà supprimé la gratuité des garderies, excluant 1 000 enfants de cet accueil extra-scolaire. Maintenant elle veut supprimer les cours de natation, et “externaliser”, lisez privatiser, les bus scolaires. Chaque fois, cela fait porter un coût plus important aux parents. Chaque fois cela creuse encore les inégalités entre les enfants. »

« Certains frais liés à l’école ne sont malheureusement pas encore subsidiés par la Communauté française. Selon la logique libérale de la bourgmestre (MR), il est normal alors de faire payer aux parents une part toujours plus importante des transports scolaires, la piscine... Ce qui revient à aller contre le principe de service public même. Le PTB veut l’inverse. Le PTB se bat, et se battra, pour que tout ce qui est lié à l’enseignement obligatoire soit gratuit. » 

La gratuité, une utopie ? 

« Non, cela existe déjà, répond Dirk De Block. En Finlande, le transport, l’accueil extra-scolaire, les repas, les fournitures, etc. sont gratuits. C’est un choix politique. » Mais où trouver l’argent ? Les communes bruxelloises sont sous-financées. Encore plus les communes dont les habitants ont un plus faible revenu, comme Molenbeek. « C’est vrai, acquiesce l’élu. Mais pourquoi ne pas augmenter les recettes de la commune en augmentant de 20  % la taxe sur les banques ? Cela permettrait de rendre les garderies gratuites par exemple. »

La prochaine action du PTB Molenbeek se prépare déjà : « On va mener une enquête auprès des enseignants de la commune. On veut leur avis sur l’état de l’enseignement communal et leurs alternatives pour l’améliorer. On veut améliorer le quotidien des profs et des élèves. » 

A Molenbeek, on demande beaucoup de travail supplémentaire aux professeurs et travailleurs sociaux. «  Après les attentats, on a vu que les défis sociaux étaient gigantesques. On entend le gouvernement fédéral et la majorité communale demander toujours plus de sécurité. Mais pas d’investissements à la source : l’enseignement. Or c’est à la base qu’on peut changer les choses », développe Dirk De Block.

Qui ose venir au conseil déguisé, donc. Pour faire le clown ? « Non, rigole l’intéressé. Les autres partis et la presse reconnaissent notre très bonne connaissance des dossiers. On ne fait pas le show pour rien. On s’amuse en luttant mais nos objectifs sont très sérieux. Et cela attire l’attention de personnes qui, sans ça, seraient passées à côté du sujet. On peut prendre du plaisir en luttant ! » 

Et gagner, aussi.