Le 25 juin 2015, le conseil communal adoptait une motion de boycott des sociétés qui ne respectent pas le droit international, dont celles qui contribuent à l’occupation des territoires palestiniens. Un groupe de travail vient d’aboutir à un texte légal. Entretien avec celui qui a été à l’initiative de ce combat, le conseiller communal PTB Dirk De Block.
Luc Vancauwenberge
Un site web titrait en 2015 « Molenbeek : première commune à exclure les entreprises impliquées dans l’occupation des territoires occupés ». Ce qui réjouissait Dirk De Block, conseiller communal PTB : « C’est une première dont d’autres pourront s’inspirer. Je suis très fier pour ma commune qui a tant souffert. Maintenant, on va voir qu’il y a aussi de très belles choses qui s’y passent. » Rencontre.
Comment est-on arrivé à cette victoire ?
Dirk De Block. Dans le passé, la commune avait confié à la multinationale G4S le ramassage des caisses des horodateurs. Or G4S est impliqué depuis des années dans l’occupation de la Palestine. Elle gère notamment les barrages militaires placés sur les terres palestiniennes par l’armée israélienne, est également présente dans des prisons israéliennes où sont enfermés des prisonniers politiques palestiniens et des mineurs. J’ai essayé de m’y opposer, mais le contrat avait déjà été signé par la commune en 2013, G4S étant la seule firme ayant répondu à l’offre publique. J’ai alors proposé au PS d’introduire ensemble une motion appelant la commune à ne plus faire appel à des sociétés non respectueuses du droit international, dont celles qui contribuent à l’occupation des territoires palestiniens. Nous avons vite été soutenus par le sp.a et la liste communale GIC. Ecolo/Groen, dans la majorité, a apporté des améliorations à la motion en proposant d’y inclure la mise sur pied d’un groupe de travail chargé de rédiger les clauses juridiques. La motion a été adoptée à une grande majorité. C’est ce groupe de travail qui vient de terminer son boulot.
Pourquoi est-ce important d’exclure des marchés publics ces entreprises impliquées dans l’occupation ?
Dirk De Block. L’occupation de la Palestine est reconnue internationalement comme illégale. Et la Cour internationale de justice a stipulé, dans un arrêt de 2004 sur le mur qu’Israël a construit sur le territoire palestinien, que tous les États ont le devoir de tout faire pour arrêter cette situation illégale. En tant qu’autorités publiques, nous avons donc une responsabilité directe. Les entreprises actives dans les Territoires occupés contribuent à faire perdurer cette situation illégale. Pour ce qui est des entreprises, il faut avoir des preuves de leur implication. Et là, bonne nouvelle, l’ONU va bientôt publier une liste des entreprises impliquées. Il n’est pas normal que ces entreprises se fassent de l’argent avec nos taxes. Si le nouveau règlement est accepté au conseil communal d’avril, ce sera une victoire d’autant plus symbolique que cette année, on commémore la guerre de 1967 et les 50 ans d’occupation illégale... En adoptant cette motion, nous donnons un signal : oui, on peut faire quelque chose contre l’occupation israélienne, être acteur, et être soutenu par les autorités.