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La majorité communale mène-t-elle Molenbeek vers la faillite ?

La majorité communale mène-t-elle Molenbeek vers la faillite ?

Un an après les élections communales, quel premier bilan tirer de la nouvelle majorité MR-CDH-Ecolo à Molenbeek, menée par la bourgmestre libérale Françoise Schepmans ?

Sur le site de la commune de Molenbeek-Saint-Jean, on retrouve une «  Note d'Orientation politique 2012-2015 de la Commune de Molenbeek-St-Jean » élaborée par la nouvelle majorité. Et là on s'aperçoit que cette majorité ne part pas du tout des priorités des gens. L'enquête que le PTB avait effectué auprès de 800 Molenbeekois avait révélé que ces priorités étaient le logement, l'enseignement et l'emploi. La sécurité venait en quatrième lieu, loin derrière les trois premiers.

Le premier point dans la Note de la majorité est la sécurité avec des mesures essentiellement répressives, comme les amendes administratives.

 

Le logement

A Molenbeek, il y a une liste d'attente de 10 000 ménages pour un logement social. Le PTB propose de créer 2 500 logements sociaux pendant cette législature (2012-2018). Cela permettrait déjà d'exercer une certaine pression sur le prix des loyers très élevés, de créer de l'emploi et de raccourcir la liste d'attente.

La majorité prévoit pour les 6 ans à venir 800 logements publics à finalité sociale supplémentaires, dont... 100 logements communaux. Pour le reste, il s'agit de logements régionaux (dont 454 en cours) et 100 logements privés en gestion publique. A ce rythme là, dans 60 ans, 2 000 familles seront toujours en attente.

 

L'enseignement

Molenbeek fait face à un boom démographique qui entraîne le besoin de nouvelles places dans les écoles primaires et maternelles. On estime que d'ici septembre 2016, il y aura une demande de 4 600 places en plus. La commune investit à présent dans 750 nouvelles places et étudie les projets pour encore 1550 places. Il s'agit d'une lourde tâche pour une commune pauvre comme Molenbeek. Mais la majorité actuelle (comme la précédente) fait preuve de peu de prévoyance et d'ambition pour faire face à cette demande. La commune a besoin de l'intervention d'autres niveaux de pouvoir, mais peu d'initiatives sont entreprises dans ce sens. Assisterons-nous bientôt à des enfants sans école à Molenbeek ? Ou introduiront-ils des écoles en deux shifts comme dans certains pays pauvres ?

Dans sa Note d'Orientation, la majorité communale exprime sa volonté de « généraliser l'apprentissage de la seconde langue nationale dès le plus jeune âge ». Très bien. Mais qu'attendent-ils ? Dirk De Block, conseiller communal PTB, a interpellé le Conseil au mois de mai à ce sujet, invitant à un débat. Mais on attend toujours. Au niveau communal, l'échevine de l'enseignement francophone (MR) promet de débuter l'immersion dans deux écoles l'année prochaine. Du côté néerlandophone, rien à l'horizon. Pourtant, deux écoles néerlandophones ont déjà commencé le projet dès cette année. Ce qui montre que c'est possible.

Pour imposer des frais de garderie, cette majorité a fait preuve de plus de dynamisme et d'empressement.

 

Parler de la création d'emploi, et en même temps en supprimer

La commune veut notamment « favoriser le maintien et la création d'emplois locaux ». Mais dans son bilan d'un an après les élections, la bourgmestre Schepmans estime qu'il y a trop d'agents communaux. Des contrats à durée déterminée ne seront pas renouvelés. Promouvoir l'emploi mais supprimer l'emploi à la commune ; promouvoir le commerce mais diminuer le pouvoir d'achat de la population par de nouvelles taxes : la majorité ne semble pas encore se rendre compte de la contradiction. Dire une chose et faire son contraire semble l'adage de cette majorité. Pourquoi la commune ne se fait-elle pas forte de maintenir au moins l'emploi en créant de nouveaux services à la population ? Ce serait un beau défi dans cette commune frappé d'un immense taux de chômage, particulièrement chez les jeunes.

Fidèle à son idéologie néolibérale (apparemment reprise sans états d'âme par les Ecolos), la bourgmestre veut « attirer des entreprises privées et des commerces ». Mais visiblement, par « attirer des entreprises privées » elle entend « se mettre à plat ventre ». Car l'attitude de la majorité à l'égard de la délocalisation du call-center Téléperformance est peut-être révélatrice : lorsque, en septembre 2013, les travailleurs de l'entreprise tirent la sonnette d'alarme, le collège échevinal se déclare impuissant. Pourtant, comme le réclamaient les délégués syndicaux de l'entreprise, le collège aurait pu faire pression sur les clients de cette entreprise, qui compte délocaliser en emportant les clients des pouvoirs publics bruxellois. Le CDH et Ecolo se comportent comme les caniches du MR. Et les travailleurs sont les dindons de la farce en perdant encore plus de 60 emplois.

 

Une commune pauvre dévalisée

Molenbeek est une des communes les plus pauvres du royaume. Les problèmes ont encore été aggravé par l'aventure Dexia dans laquelle la commune a perdu plus de 3 millions d'euros à cause de l'attitude imprudente de l'ancienne majorité (PS-MR-CDH), mais aussi par la politique d'austérité du gouvernement fédéral Di Rupo, qui impose de nouvelles charges aux communes. Et cela ne risque pas de s'améliorer. Avec par exemple la diminution des allocations de chômage, de plus en plus de gens risquent de faire appel au CPAS local pour s'en sortir, aux frais de la commune.

 

Conclusions

Cette majorité communale ne se préoccupe pas des problèmes prioritaires des gens et fait preuve de peu d'ambitions et d'imagination pour faire face aux problèmes et apporter un mieux-être aux Molenbeekois. Pire : cette majorité et la précédente ont déjà épuisé presque toutes les réserves accumulées depuis trente ans. Ce déficit (1,95 million d'euros en 2012) est essentiellement la conséquence de la crise, des mesures gouvernementales et du sous-financement par les pouvoirs de tutelle. Mais la majorité semble accepter, tout en prétendant le contraire, la fatalité d'une faillite qu'on veut éviter... avant les élections de mai 2014 ? La faillite signifierait une mise sous tutelle, suivie sans doute d'un plan d'austérité impitoyable sur le dos des habitants.

Entre temps, cette majorité essaie de colmater les brèches en imposant de nouvelles taxes, amendes et autres charges (carte riverains, frais de garderie...)

La présence d'Ecolo dans la majorité ne fait pas la différence. On cherche en vain l'empreinte verte ou progressiste de Ecolo-Groen dans la politique menée. Les Verts suivent docilement la politique libéralo-répressive du MR. Ecolo/Groen tente de nier le caractère antisocial de cette politique en arguant l'augmentation de la taxe anti-spéculation, pour un gain de 430 000 euros. Mais l'augmentation des charges sur le dos des Molenbeekois atteint 1,3 millions d'euros, soit trois fois plus que la contribution demandée aux spéculateurs.

Ecolo et Groen assument le choix de la majorité d'installer de nouvelles caméras à des prix exorbitants (1,8 millions d'euros), alors que la position officielle d'Ecolo est contre ces caméras. Lors d'un débat au conseil communal du 23 octobre 2013, Dirk De Block a fait remarquer que l'efficacité des caméras est mise en doute par nombre d'études en ce qui concerne la lutte contre la délinquance ou les dépôts clandestins, phénomènes que les caméras font simplement se déplacer. De plus, les caméras peuvent constituer une menace pour la vie privée, a souligné le conseiller communal PTB. Il était rejoint pas certains conseillers socialistes, mais sur le bancs des Verts, un silence assourdissant...