Une commune qui se mobilise pour le climat

Une commune neutre en émissions de gaz à effet de serre (qui proviennent du trafic, du chauffage, etc.) est nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique. Les grandes villes sont responsables de la moitié des émissions. Une commune neutre en émissions cela signifie une énergie produite de façon 100 % verte. Cela signifie aussi un maximum d’économie d’énergie, car l’énergie la moins polluante est celle qu’on n’utilise pas. Une commune neutre en carbone, c’est une commune où la mobilité est planifiée et axée sur les transports publics, le vélo, les déplacements à pied. Enfin, c’est une commune avec suffisamment d’espaces verts. Pour faire évoluer les mentalités vers le respect de la planète, nous ne choisissons pas de culpabiliser et taxer les gens, mais nous voulons réaliser le défi climatique ensemble. Nous voulons que les gros revenus et les grandes entreprises portent plus les coûts et les efforts de ce défi, plutôt que de toujours présenter la facture aux citoyens (Ce transfert des coûts est possible au niveau communal comme le montre la commune de Zelzate, où la majorité PTB-Vooruit a réalisé une augmentation légère des impôts des gros revenus et grandes entreprises tout en diminuant les impôts des citoyens et indépendants).En choisissant la planification par les pouvoirs publics, nous voulons rendre accessible à chacun la transition écologique. De l’énergie verte moins chère, l’isolation bon marché de sa maison, des transports en commun fréquents et accessibles, voilà ce qui encourage chacun de nous à faire sa part pour le climat. Ce que le capitalisme, dont les profits et non les gens sont la priorité, est incapable d’offrir : il ne sauvera pas notre planète.

Ce que nous voulons

Un. Miser sur les économies d’énergie et l’économie circulaire

  • Nous voulons isoler les logements via un vaste plan d’isolation dans les logements publics avec le système du tiers payant pour les particuliers. Pour cela, nous créons une société publique d’isolation et de rénovation des logements.
  • Nous voulons un plan d’investissements dans les bâtiments communaux pour consommer moins d’énergie : isolation, récupération de la chaleur, etc.
  • Nous voulons que la commune améliore le tri des déchets avec l’installation de conteneurs à déchets enterrés à proximité, comme à Amsterdam, qui permettent aux gens de jeter leur sacs poubelles quand c’est nécessaire.
  • Nous voulons développer l’économie circulaire, les repair cafés, la production agricole locale.

Deux. Une mobilité amie du climat

  • Nous voulons que la commune plaide à la région pour la gratuité des transports en commun et pour rendre les trajets des transports publics en surface les plus efficaces possibles, afin entre autre d’offrir une alternative attractive à la voiture, comme dans d’autres villes d’Europe, et inciter les usagers à moins utiliser leur voiture.
  • Nous voulons que la commune plaide à la région pour un plan de mobilité métropolitain intégré, avec une carte MOBIB intégrée afin d’emprunter tous les réseaux de transport (comprenant SNCB, TEC, De Lijn, STIB ainsi qu’un réseau 100 % public de vélos et de voitures partagés), le développement de la STIB et du RER, ainsi que des alternatives au transport en camion (qui doit devenir une exception) via le  développement du transport par voies navigables et par chemin de fer.
  • Les bus et camionnettes de la commune doivent progressivement être remplacés par des bus et camionnettes électriques ou à l'hydrogène vert.
  • Nous voulons développer des services de proximité (postes, bibliothèques, administration communale, magasins, bancontacts, ...) dans les quartiers pour éviter des déplacements. 
  • Nous voulons développer la mobilité douce. La commune doit participer à la création d’un réseau de pistes cyclables sécurisées. 

Trois. Une production d’énergie 100 % verte

  • Nous créerons une entreprise publique locale de l’énergie pour investir dans les énergies renouvelables, les batteries et les réseaux de chaleur.
  • Nous soutiendrons la création de coopératives citoyennes qui construisent le système énergétique de demain au niveau local.
  • Nous constituerons le conseil d’administration de cette société d’au moins un tiers de citoyens élus par les usagers et un tiers de travailleurs de la société. Ses rapports seront publics et les assemblées pourront être suivies en live streaming.
  • Nous plaiderons aussi pour développer un plan d’implantation de panneaux solaires, avec le système du tiers payant pour les particuliers et les petites entreprises. Nous voulons imposer des installations sur les grands magasins et grosses industries à leurs frais. Nous metterons à disposition les toits des infrastructures communales pour l’installation de panneaux solaires.
  • Pour pallier les pics et chutes de production d’énergie renouvelable, nous investirons dans des installations de stockage de l’électricité verte sous forme d’hydrogène.
  • Nous voulons développer des réseaux de chauffage urbain. Là où c’est possible, nous utiliserons la chaleur excédentaire produite par les industries et les bureaux pour l’acheminer vers les logements et développer les systèmes de cogénération dans les nouveaux quartiers. 

Quatre. Une commune à la mesure du climat

  • Nous voulons développer des espaces verts et des plans d’eau qui pourront absorber de grandes quantités de précipitations. 
  • Nous voulons développer des fontaines à eau partout dans la commune pour inciter les habitants à consommer de l’eau dans des gourdes et limiter la consommation de plastique.
  • Nous voulons faire baisser les loyers (voir chapitre Logement) pour que les familles ne soient plus obligées de quitter la Région bruxelloise. Garder les familles dans nos communes c’est épargner des déplacements de navetteurs.

Vision

Le réchauffement climatique ne s’arrête pas aux frontières des communes. Il est donc indispensable d’avoir une vision d’ensemble beaucoup plus large pour trouver des solutions. C’est la raison pour laquelle nous avons une vision métropolitaine, qui sort même des frontières de la Région bruxelloise.

Les émissions de gaz à effet de serre (GES, qui sont responsables du réchauffement climatique) en Région bruxelloise et dans ses communes, proviennent principalement de deux sources : le transport qui utilise des énergies fossiles (diesel, essence...) comme les voitures et les camions et le chauffage des bâtiments et des logements. Il y a en revanche peu d’usines de production sur la région, comparées aux autres parties du pays.

La réduction des émissions doit donc se faire principalement dans ces deux premiers secteurs. Pour réduire les émissions, il faut à la fois diminuer la consommation d’énergie, mais aussi utiliser des énergies renouvelables (produites à base de soleil, de vent...) à la place des énergies fossiles (gaz, diesel…).

3,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 sont émis chaque année en Région bruxelloise.

La Région bruxelloise s’est engagée à une réduction de "presque" 100% des émissions directes de gaz à effet de serre d'ici 2050 par rapport à 2005, et une réduction de 55 % des émissions directes de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 2005. Mais le Comité d'Experts Climat de la Région bruxelloise a délivré un rapport très critique en 2022, en disant qu'au niveau de la rénovation de logement, la région avance à une vitesse beaucoup trop lente pour atteindre cet objectif. Selon le même comité, Bruxelles a besoin d'une vitesse de rénovation du bâti plus rapide pour atteindre les objectifs nécessaires pour empêcher la hausse de la température de la Terre au-dessus de 1,5 °C. Et c’est possible. Des villes comme Copenhague ont décidé d’être neutres en carbone en 2025. C’est une question de choix dans les investissements pour sauver la planète. Copenhague, pionnière en la matière, a investi massivement dans les transports en commun et dans la production d’énergie verte par exemple.

Les politiques qui sont menées actuellement dans nos communes mènent à peu d’effet. Les autorités communales donnent le bon exemple avec la réduction de la consommation d’énergie dans les bâtiments communaux, avec l’installation de panneaux solaires, mais pour le reste comptent sur les efforts individuels de la population souvent incapable de les réaliser faute de moyens. Et cela pendant que l'effet d'un réchauffement est encore plus rapide en villes: les résultats d'une étude récente de Duchêne et al (2022) montrent qu'en vertu de l'Accord de Paris (qui prévoit un niveau de réchauffement global de 1,5°C à 2,0°C), les températures estivales moyennes à Bruxelles augmenteront jusqu’à 4,1°C. L’industrie, la grande distribution, ou d’autres grands secteurs d’activité privés reçoivent de l’aide pour l’installation de panneaux solaires sur leurs toits, mais ne sont qu’à peine sollicités sur le plan de leurs responsabilités. Quant aux primes destinées aux particuliers (pour l’isolation ou l’installation de panneaux solaires), ce sont surtout ceux qui ont déjà les moyens de ces investissements qui en bénéficient.

Les politiques de mobilité ne sont, elles, pas non plus efficaces. Elles sont principalement axées sur la taxe kilométrique, sur le bannissement des vieilles voitures de la circulation, mais qui sont alors remplacées par des nouvelles, ce qui ne modifie pas la donne au niveau du climat ou encore sur des taxes de stationnement. Résultats : le nombre de voitures ne diminue que très faiblement, voire augmente dans certaines communes. Les embouteillages et la pollution continuent de nous empoisonner chaque jour. Le paiement du stationnement est intégré dans le budget mobilité des familles, et pénalise ceux qui ont moins de moyens. La suppression des places de stationnement en voirie, sans développer des alternatives pour les gens, conduit dans les faits à plus d’émissions de GES, les automobilistes roulant désespérément à la recherche d’une place.

La commune ne deviendra pas neutre en carbone avec seulement quelques mesures bien intentionnées ici et là ou des politiques de nouvelles taxes.

Une commune neutre en carbone compte sur ses habitants pour enclencher le changement. Une commune neutre en carbone travaille à un plan d’avenir afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’année en année, avec un plan pour produire de plus en plus d’énergie verte, avec un plan pour isoler les logements et les bâtiments, avec un plan de mobilité qui permettra au plus grand nombre de se déplacer autrement qu’avec la voiture. Une commune neutre en carbone sera une commune qui n’optera pas pour de nouvelles taxes ou impôts écologiques, mais fera en sorte que chaque habitant puisse participer au changement. Au PTB, nous avons cette ambition. Nous réaliserons des plans grâce auxquels les efforts des citoyens ne seront pas une goutte d’eau dans un océan, mais au contraire permettront une réelle transition écologique.

L’objectif d’une Bruxelles neutre en carbone change tout. Il s’agit d’aborder d’une nouvelle manière le logement, la mobilité, l’énergie, l’accès aux services dans nos quartiers. Bruxelles sans carbone aura une tout autre allure qu’actuellement. Non seulement nous contribuerons à sauver la planète, mais notre quotidien s’en portera aussi mieux : plus sain, plus paisible, plus vert, plus social.

Un. Économiser l’énergie, isoler les logements.

Afin de réduire la consommation de chauffage des logements et des bâtiments, pour réduire les émissions de CO2, la première étape sera de faire des audits énergétiques et réaliser des statistiques fiables sur l’état du bâti molenbeekois. Sur cette base un plan d’isolation communal et ambitieux pourra être réalisé, et pris en main par les pouvoirs publics. 

Un plan national d’isolation a ainsi été mis en place aux Pays-Bas depuis 1978. En 10 ans, 60 % du parc de logements a été isolé. C’est par les toitures que la déperdition de chaleur est la plus forte, c’est donc la priorité à isoler. 25 à 30 % de la consommation d’énergie s’échappe via un toit mal isolé. En 2023, 30% des bâtiments de la région n'étaient pas isolés du tout et plus de 60 % des logements disposaient d’un certificat PEB affichant une classe E, F ou G, donc de faible performance énergétique. Si l’on veut faire des avancées importantes dans ce domaine avant 2030-2050, il faudra avoir un vrai plan ambitieux. 

Seulement, les politiques en cours pour le moment sont basées sur l’octroi de primes. Ces primes bénéficient essentiellement aux familles ayant déjà les moyens d’effectuer les travaux. Alors que les moins favorisés de la population occupent les logements les moins bien isolés ce qui est donc socialement injuste et inefficace à grande échelle.
Actuellement, les experts confirment un taux de rénovation faible. D’après eux, le taux de rénovation moyen depuis 2000 ne dépasse pas 0,25 % par an. La même étude suggère que le pourcentage de propriétaires qui sont à ce jour incapables de financer les rénovations énergétiques souhaitées se situe entre 36% et 39%. Le manque de moyens pour financer les primes n’est pas le seul problème, les spécialistes critiquent aussi le manque de main d'œuvre pour réaliser les travaux nécessités.

Molenbeek possède un vieux bâti avec beaucoup de logements construits avant 1945. Nous avons besoin de logements rénovés aux normes écologiques pour réduire la consommation d’énergie. C’est bon pour la planète et pour le portefeuille. Le système de primes, politique menée par la région bruxelloise, mais dont les communes complètent les montants, qu’elles soient dédiées à la rénovation ou aux économies d’énergie, ne profite en général qu’à ceux qui ont déjà les moyens d’entreprendre des travaux. Pas aux propriétaires qui ont peu de moyens ni aux locataires. Elles ne sont donc pas justes socialement, mais en plus inefficaces pour réaliser un plan de rénovation massif. Le gouvernement bruxellois mise pourtant sur ce système dans son plan Rénolution et veut rendre les travaux obligatoires, avec le risque de pénaliser financièrement les petits propriétaires. Car les primes ne couvrent que 50% des travaux et les prêts accordés le sont aussi sous conditions. 

C’est la raison pour laquelle le PTB propose plutôt qu’une société publique se charge des rénovations et de l’isolation des logements pour les particuliers sur le marché privé. Elle ferait l’audit énergétique, le financement et l’exécution des travaux et récupérerait les investissements via le système de tiers payant. Elle pourrait faire la régie de rénovation collectives d'îlots de quartier. Cette mesure serait également créatrice d’emplois stables. Une société publique ne cherchant pas la rentabilité des profits pourrait pratiquer des prix plus bas que les sociétés privées. 

En Allemagne, des exemples de rénovation via un tiers financement existent déjà. Une banque publique d’investissement (KfW), où l’état injecte de l’argent, se charge des prêts. Un million de logements ont été ainsi rénovés en 3 ans. Nous avons besoin de mesures d'envergure pour relever les énormes défis qui nous attendent. Une banque publique pourrait augmenter considérablement le taux de rénovation dans notre Région. A Vienne, par exemple, c'est la ville qui avance l'argent ; à Stuttgart, la société publique d'énergie de la ville ; et en Allemagne, la banque publique d'investissement KfW. Grâce à ces systèmes, beaucoup plus de familles peuvent rendre leurs maisons plus durables et donc plus efficaces sur le plan énergétique.

Un ménage moyen bruxellois émet 2,5 tonnes de CO2 par an rien qu’en consommant du gaz. Pour un ménage qui ferait des travaux d’isolation de sa toiture, cela ferait diminuer en gros ses émissions de 1,8 tonne par an (pour une toiture de 60 m2). Si 40 000 ménages par exemple (la moitié) peuvent appliquer ce principe, ce serait une économie de 72 000 tonnes de CO2 par an.  Un ménage qui souscrit au système de tiers payant aura remboursé les travaux d’isolation en trois ans. 

La commune doit servir d’exemple et mettre en place un plan d’isolation de ses bâtiments (écoles, logements sociaux, administrations…). Pour éviter que les coûts des travaux ne flambent, le PTB prône depuis longtemps la mise en place d’une société publique de construction et de rénovation des logements. Une banque publique comme en Allemagne sera aussi nécessaire pour les investissements.

Les grandes entreprises, les banques, et la grande distribution doivent quant à elles financer sur leurs propres fonds l’isolation de leurs bâtiments et les économies d’électricité. Le secteur tertiaire reste le plus gros émetteur. Les grandes entreprises étant les plus grosses émettrices, nous prévoyons de les faire participer au financement de l’isolation.

Nous réaliserons également une politique volontariste de réduction des déchets en amont de la production (voir chapitre propreté). La grande production ou la distribution doit drastiquement diminuer le suremballage, responsable de faire grossir nos poubelles. Celles-ci vont alors directement dans l’incinérateur. Des moyens doivent également être mis en place pour faciliter le tri des déchets de manière à améliorer leur recyclage et réduire les déchets à incinérer.

Deux. Une mobilité amie du climat

La commune doit défendre une politique de transports publics plus efficaces et réaménager son espace public pour favoriser la marche à pied. Pour y arriver, nous faciliterons l’accès à tous ces moyens de déplacement, nous en ferons des leviers avantageux tant financièrement qu’en termes de gain de temps.

Nous miserons pour cela sur des investissements pour développer les transports en commun. Nous avons besoin de plus de trams et métros, de plus de lignes, des lignes qui traversent la ville mais aussi des connexions entre quartiers et communes. Des abonnements doivent être automatiques pour tout le monde, pour avoir accès facilement à tous les réseaux de transport et être connecté à la périphérie de Bruxelles. 100 villes dans le monde pratiquent déjà la gratuité des transports en commun. De grandes villes comme Berlin ou Paris y réfléchissent également. Et pour cause, la gratuité des transports à Tallinn, ville de plus de 400 000 habitants, a permis de réduire l’utilisation de la voiture. Cette gratuité est d’ailleurs en train de s’étendre à toute l’Estonie. Quand l’Allemagne a décidé pendant l’été 2023 de fortement réduire le prix des transports en commun, le nombre d’utilisateurs a fortement augmenté. Nous voulons que les transports en commun à Bruxelles soient aussi gratuits. 

C’est en offrant des alternatives avantageuses que l’utilisation de la voiture diminue au fur et à mesure. Mais les autorités communales actuelles ne font pas ces choix. Les communes misent de plus en plus sur le stationnement payant comme seule solution à la mobilité. Parallèlement, elles permettent la construction de parkings privés payants. Ce n’est pas avec de tels projets que la circulation automobile va diminuer et les tonnes de CO2 non plus. 

À plusieurs endroits, il manque des pistes cyclables sécurisées. Il existe bien quelques pistes cyclables, mais peu sont sécurisées. En plus de cela, il faut augmenter les efforts pour pouvoir garer son vélo gratuitement et en sécurité. Le nombre de boxes à vélo doit augmenter sensiblement.

Des discussions sont aussi en cours sur l’élargissement du Ring au niveau de la région. Élargir le Ring est une aberration complète et le meilleur moyen d’augmenter encore le trafic automobile et le transport par camion, responsable d’une grande part des émissions de GES. La commune doit s’y opposer. Les communes et les différentes régions font des choix qui ne mènent qu’à une augmentation des émissions de GES au niveau du transport.

Pour inverser ces choix, nous voulons que la commune commence par montrer l’exemple : les services communaux seront dotés de véhicules à hydrogène, produit à base d’énergies renouvelables.  Beaucoup de voitures sont en circulation pour conduire les enfants à l’école chaque jour. Un ramassage scolaire devra être organisé pour permettre aux familles de se passer de la voiture pour les trajets vers l’école. 

Enfin, le transport de marchandises par camion doit être réduit au maximum. Nous voulons développer au mieux les alternatives : l’acheminement par les voies navigables et le chemin de fer. Nous voulons également convertir l’acheminement des marchandises dans la ville vers l’utilisation des transports en commun. Des trams adaptés circulent en ville pour dispatcher les marchandises vers les magasins, ou des expériences comme Bordeaux, où l’on livre aux magasins par camions électriques, vélos cargos et autres.

Dans le plan canal, l’avenir du site Schaerbeek formation sera déterminant. Nous voulons en faire un centre de dispatching des marchandises. Directement relié aux rails de tram, ce site pourra servir de gare multimodale (bateau-train-tram).

Trois. Produire de l’énergie renouvelable à bas prix

Le fait que les pouvoirs publics produisent eux-mêmes de l’énergie et qu’ils ne soient pas soumis à la concurrence qui règne sur le marché privé est la clé pour arriver à une énergie bon marché et 100 % verte. La collectivité (vous et nous), n’est pas guidée par la soif de profits et donc l’augmentation exagérée des prix du gaz ou de l’électricité, mais par le fait de répondre aux besoins des gens.

Nous voulons créer une entreprise publique intercommunale d’énergie. Une entreprise publique d’énergie avec deux objectifs : un bon service public avec des prix moins chers et une production d’énergie 100 % verte. Ainsi, nous pouvons éliminer la logique du profit qui guide actuellement le secteur de l’énergie. Copenhague, Stuttgart et Munich le font déjà, pourquoi pas Bruxelles ? Cette entreprise publique permet aussi, à ceux qui n’ont pas les moyens d’investir dans l’installation des panneaux solaires, d’avancer les coûts via un système de tiers payant. Elle investit également dans l’installation des panneaux solaires sur les bâtiments des services communaux, sur les toits des petites entreprises, sur les toits des écoles…

Cette entreprise publique gère l’injection de l’électricité verte produite dans les réseaux et sa distribution vers les ménages. Une société publique comme Sibelga peut très bien reprendre en main ces activités. Plus besoin de fournisseur, ce sera du producteur au consommateur, la suppression d’intermédiaires permet de fournir une énergie moins chère.
Cette société intercommunale doit également être sous contrôle démocratique. Nous voulons constituer le conseil d’administration de cette société d’au moins un tiers de citoyens de Bruxelles élus par les usagers et un tiers de travailleurs de la société. Ses rapports seront publics et les assemblées pourront être suivies en live streaming. Un contrôle démocratique sera essentiel pour garantir que les choix se font à la fois vers le renouvelable et bon pour la planète, mais aussi au niveau social, l’énergie est le bien commun de tous et doit redevenir accessible financièrement. 
Comment produire de l’énergie 100 % renouvelable en Région bruxelloise ? Deux pistes essentiellement sont possibles.

Tout d’abord, placer des panneaux photovoltaïques sur les toits. En 2020, Bruxelles a produit 129 GWh d’électricité photovoltaïque, soit la consommation annuelle de 36 000 ménages (consommation de 3500 kWh/an/ménage). En effet, la Région bruxelloise ne représente que 3% de la puissance photovoltaïque nationale, celle-ci étant majoritairement localisée en Flandre (74%) puis en Wallonie (23%). Et rapporté à la consommation totale d’électricité à Bruxelles, le photovoltaïque représente un peu moins de 3% du volume d’électricité consommé par l’ensemble des secteurs (tertiaire, résidentiel et industriel). Il reste encore du potentiel à exploiter. Selon une étude de Bruxelles Environnement, la Région dispose d’un potentiel solaire de 2.500 MWc (environ 2.250 GWh) encore exploitable, principalement en toiture.

Les pouvoirs publics doivent montrer l’exemple et créer une société publique d’installation des panneaux et de gestion de la production d’électricité, seule garantie pour maintenir une électricité bon marché. Le principal frein au développement de l’installation de panneaux solaires chez les particuliers, c’est que les aides sont octroyées par la région ou les communes sous forme de primes. D’une part, ce sont surtout les ménages qui possèdent déjà le capital à investir qui les utilisent, et non les familles qui en auraient le plus besoin, répercutant ainsi les inégalités sociales aussi dans la production de l’énergie renouvelable. D’autre part, ces freins empêchent une planification efficace et massive d’installation des panneaux solaires. Cela reste une solution individuelle et utilisée par ceux qui en ont les moyens.

La majorité régionale bruxelloise espère installer pour près de 185 GWh d’électricité solaire d’ici 2030. Le problème, c’est qu’elle veut aussi financer cela par la vente aux enchères des quotas d’émissions de gaz (chaque pays a le droit d’émettre une certaine quantité de gaz, s’il ne les émet pas il peut vendre ses quotas, mais alors une autre entreprise les rachète et continue de polluer). Or ce système européen de vente des quotas, basé sur les mécanismes de marché, a montré qu’il ne permet pas de réduire les émissions, mais est utilisé encore une fois par les grosses entreprises pour faire des profits. Résultats : les émissions de CO2 sont à nouveau à la hausse en Europe. Les politiques écologiques de nos majorités manquent d’ambition pour atteindre les objectifs des villes et communes neutres en carbone et sont surtout au service des profits du privé. À nouveau un système de tiers payant couplé à un plan d’installation des panneaux solaires sera une solution.

Ensuite, développer l’éolien. En Région bruxelloise même, installer de grandes éoliennes n’est pas simple vu la densité de population et la présence de l’aéroport au nord de la région. Cependant, des études ont été menées pour voir la possibilité d’installer du petit éolien mieux adapté aux villes. Tout comme le réchauffement climatique ne s’arrête pas aux portes de la région, il faudra établir des relations entre les régions, développer des sociétés publiques qui installeront et géreront l’électricité produite afin de garantir l’accessibilité aux habitants.

La société intercommunale développera également le chauffage urbain. Le chauffage urbain, c’est le principe du chauffage central appliqué à l’échelle d’un quartier ou d’une ville. La chaleur est produite dans une ou plusieurs centrales de production ou chaufferies ou alors récupérée par les entreprises lors de leur cycle de production. Elle est acheminée sous forme d’eau chaude jusqu’aux bâtiments desservis par le réseau de chaleur, constitué de canalisations isolées et enterrées sous la chaussée. Ces réseaux de chaleur peuvent être alimentés par la chaleur excédentaire de l’industrie, par la combustion de déchets ou par la production d’électricité.

Sur le territoire de la Région bruxelloise, un réseau de chaleur est déjà en fonctionnement via la chaleur récupérée de l’incinérateur de Neder-Over-Heembeek. Mais les choix qui sont faits sont fournir ce chauffage à la grande surface Docks Bruxsel. Il ne s’agit pas ici de fournir du chauffage écologique et moins cher à la population qui vit dans le quartier, mais d’en faire profiter un gros centre commercial privé. C’est une question de choix.

Une ville comme Copenhague, qui a développé un réseau de chaleur, alimente 1 million de personnes en chauffage de cette manière. 90 % des bâtiments publics sont également chauffés par ce système, ce qui a permis de réduire les émissions de CO2 de 25 à 10 kg/m2 depuis 1980. Grâce à ce réseau, la ville de Copenhague allie la réduction de CO2 et le fait de proposer aux habitants du chauffage accessible.

L’enjeu avec ces réseaux de chaleur est aussi de chauffer l’eau à l’aide des énergies renouvelables. On peut le faire avec des pompes à chaleur fonctionnant sur l’électricité en provenance de sources d’énergies renouvelables. Pour cela, les panneaux photovoltaïques peuvent jouer un rôle de même que les éoliennes. L’énergie produite soit par le soleil ou le vent, même si elle est fluctuante, permet de chauffer l’eau qui peut être stockée dans de grands réservoirs et à partir de là être utilisée pour chauffer les bâtiments et logements. C’est ce qui est maintenant en train d’être mis en place au Danemark.

Nous voulons que les autorités communales usent de leur droit sur l’octroi des permis d’urbanisme pour imposer dans les nouveaux quartiers construits que le chauffage urbain figure dans les plans. De même, lors de la rénovation de bâtiments. Des systèmes de centrales à cogénération (lorsque du gaz est utilisé pour produire de l’électricité, la chaleur résiduelle est récupérée pour le chauffage) permettent également de réduire la production de CO2. 

Quatre. Une commune à la mesure du climat

Nous préparerons aussi la commune aux retombées du changement climatique, dont les effets se font déjà sentir. Nous miserons sur davantage d’espaces verts et de plans d’eau qui pourront absorber de grandes quantités d’eau en cas de fortes précipitations et prévenir les inondations. Les arbres dans les rues seront soigneusement entretenus au lieu d’être abattus. De cette manière nous rendrons non seulement la commune prête aux changements, mais nous en ferons aussi un endroit agréable à vivre. Des fontaines d’eau potable seront également installées partout dans la commune, entre autres pour hydrater les passants en cas de fortes chaleurs.

Nous permettons aussi à tout le monde d’avoir accès à un espace vert dans son quartier. 

Une réorganisation urbaine sera nécessaire. Dans une commune neutre en carbone, ce ne sont pas les profits des promoteurs qui ont une priorité. Nous aménagerons la commune de manière à ce que les choix les plus économes en matière d’énergie soient les plus logiques. C’est-à-dire que les services de base seront présents dans chaque quartier : magasins, services et centres médicaux, centre culturel, bibliothèques, poste, banque, lieux de rencontre, espaces verts… Ce mode d’aménagement du territoire devra être intégré dans les plans régionaux et communaux d’affectation du sol (PRAS et PPAS) ainsi que dans l’octroi des permis d’urbanisme.