Une commune qui crée de l’emploi

Pour réaliser une commune à la mesure des gens, des centaines d’emplois devraient être créés. Nous avons besoin d’un plus grand nombre d’enseignants pour des classes plus petites, de davantage de personnel des crèches et des soins, de plus d’animateurs pour nos jeunes. Nous avons besoin de travailleurs de la construction pour construire, rénover et isoler des habitations.Malgré les discours triomphants des gouvernements, le chômage dans nos communes bruxelloises reste le plus élevé de Belgique. Pour 5 527  offres d’emploi en suspens fin mars 2024 en Région de Bruxelles-Capitale, 90 046 demandeurs d’emploi inoccupés sont mis en concurrence les uns contre les autres. Et les autorités communales font preuve de très peu d’ambition au niveau de l’emploi. À Molenbeek, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés reste stable et très élevé – autour de 8800 (+/ – 20 %) – depuis 2019. Mais l’accès à l’emploi pour les jeunes Molenbeekois est encore plus difficile. Avec 1160 jeunes demandeurs d’emploi, Molenbeek est une des communes avec le taux de chômage des jeunes le plus élevé (autour de 30 %), et qui est en légère hausse depuis la crise covid.Nous avons besoin d’emplois stables et d’un rythme de travail qui permette de construire une vie sociale et familiale, d’investir dans une démocratie participative. Face à un marché d’emploi moribond, précarisant, hyperflexible, osons la création d’emplois stables, dignes, publics et durables. Une commune à la mesure des gens est une commune qui travaille.

Ce que nous voulons

Un. Un plan de rétablissement de nos services communaux

  • Nous refusons l’austérité sur le dos du personnel. Nous cessons la politique de non-remplacement dans l’administration, qui est un moyen à peine caché de réduire le personnel à moyen et long terme.
  • Nous renforçons le service RH, afin d’objectiver les besoins et la charge de travail et de réaliser un plan de rétablissement de nos services communaux, garantissant que les bonnes personnes soient mises à la bonne place sur base des critères d’évaluation objectifs.
  • Nous coupons dans les cabinets des échevins pour pouvoir renforcer des départements en sous-effectif.
  • Nous impliquons le personnel dans l’élaboration et l’exécution de ce plan. Nous prenons au sérieux leur expertise. Nous valorisons leur expertise plutôt que de payer cher des consultants externes.
  • Nous investissons pour développer notre propre expertise quant aux marchés publics et aux rénovations importantes. Cela permettra d’économiser des dépenses et de réclamer des amendes pour les retards de travaux.
  • Nous rétablissons une concertation sociale active et respectueuse avec les représentants des travailleurs. Nous continuons la nomination statutaire, qui rend les agents moins vulnérables aux pressions politiques.
  • Les trajectoires de formation, d’embauche sociale et le système de l’« article 60 » ne peuvent pas remplacer des emplois stables existants.

Deux. Un Plan Jobs Jeunes

  • Nous garantissons aux jeunes en stage d’insertion professionnelle une formation ou une première expérience d’emploi, en renforçant la collaboration avec Actiris, la mission locale et le CPAS.
  • Nous créons une plateforme locale pour aider les entreprises locales, associations (para-) communales et services publics à trouver des candidats molenbeekois pour leurs offres d’emploi et jobs étudiants.
  • La mission locale anticipera les besoins de personnel dans les entreprises situées sur le territoire communal et établira des conventions pour que ces entreprises collaborent avec la mission locale pour former et embaucher des jeunes.
  • Ne nous contentons pas de formation occupationnelle ou de stages sous-payés : notre mission locale doit accompagner nos jeunes jusqu’à ce qu’ils trouvent un emploi digne.
  • Nous renforçons les initiatives de formation existantes et soutenons la création de nouvelles initiatives permettant de former notre population.
  • Nos services communaux ne collaborent pas à la chasse aux chômeurs.

Trois. Défendre des emplois publics et de qualité, contre la privatisation et le dumping social

  • Arcadia, le home du CPAS, doit rester public. Nous n’accepterons pas les diminutions de personnel et les économies sous la menace d’une privatisation, car ces économies rendent plus probable une privatisation future.
  • Nous refusons la (semi–)privatisation de nos biens et services publics (crèches, logements, terrains, piscine) par la vente ou par la sous-traitance au privé.
  • Le personnel qui fait le même boulot mérite le même salaire (primes, chèques repas), que ce personnel soit dans les ASBL paracommunales ou dans l’administration.
  • Nous étudions la réintégration dans l’administration de ces missions sous-traitées aux ASBL paracommunales dont l’intégration permet une plus-value opérationnelle ou dont l’intégration ne cause pas une perte importante de recettes.
  • Nous introduisons une charte contre le dumping social. Sur les chantiers de la commune, nous n’accepterons que des emplois à part entière. Pas d’enchevêtrement de constructions et de sous-traitances qui ne respectent absolument pas les droits sociaux et la sécurité des travailleurs.

Quatre. Une commune représentative de la population, sans discriminations

  • Nous élaborons un plan de diversité pour les administrations et services communaux. Le personnel communal – de la base au sommet – doit refléter la diversité de sa population. Nous ne tolérons pas de propos racistes, au sein du personnel, envers le personnel ou envers les citoyens.
  • Nous créons un guichet pour aider les habitants à déposer plainte quand ils sont victimes de discrimination. La commune contrôlera par des « testings » les discriminations sur le marché de l’emploi et sur le marché locatif.
  • Nous refusons toute forme de discrimination à l’embauche ou lors des promotions dans les administrations communales ou les associations et institutions paracommunales. Seules les compétences seront évaluées et non l’origine présumée, la religion ou le port de signes distinctifs, le genre ou l’orientation sexuelle.

Cinq. Soutien aux commerçants locaux

  • Nous impliquons les commerçants lors de plans de mobilité ou travaux, de projets urbanistiques (Gare de l’Ouest, Lion City, …) ou de réformes politiques leur touchant.
  • Nous soutenons les associations de commerçants locaux, en les aidant dans leur gestion et leurs projets.  Et nous faisons la promotion de nos atouts touristiques et commerciaux locaux (festivités, commerces, brocantes, hôtels, musées, culture).
  • Nous investissons plus dans la sécurité de nos axes commerçants, comme la Chaussée de Gand. 
  • Nous élaborons avec les commerçants, riverains et usagers du secteur “Place communale - Chaussée de Gand” un plan répondant aux problèmes actuels de parking et de mobilité.
  • Nous soutenons les marchés existants et développons des nouveaux marchés. 
  • Nous favorisons dans nos politiques les petites entreprises face aux multinationales par des taxes et loyers justes (plus petits pour les petits).
  • Nous aidons nos PME à trouver du personnel, et avoir accès aux aides et subsides.

Six. Une production durable

  • Nous soutenons la création d’un pôle public ou coopérative de construction, de rénovation et d’isolation de logements. Un plan ambitieux de création de logements peut générer de l’emploi.
  • Nous prônons des investissements et des emplois dans des secteurs d’avenir. Nous mettons sur pied une société publique de production et de distribution d’énergie verte.
  • Nous créons des zones destinées à des activités productives (industrielles ou artisanales) urbaines modernes afin de préserver et de créer des emplois de production. Dans les zones mixtes (production et logement), un encadrement des loyers y empêchera la spéculation immobilière.
  • Dans la zone du canal, nous développons les activités productives nécessaires pour une ville et des communes durables : une économie circulaire de recyclage et de réparation, la construction de logements passifs, la rénovation et l’isolation du bâti existant, un circuit alimentaire de type court et local.

Sept. Le refinancement de la commune et du cpas nécessite une rupture régionale et fédérale

  • Nous soutenons la demande du personnel communal et de ses syndicats d’augmenter les bas salaires et d’un réinvestissement dans les homes et les crèches.
  • Nous soutenons la demande des enseignants néerlandophones et francophones de refinancer l’enseignement et de diminuer la taille des classes.
  • Nous soutenons la demande des syndicats d’une réduction du temps de travail avec maintien de salaire et embauches compensatoires (en commençant avec les +55 ans).
  • Nous soutenons la demande des communes d’une augmentation de la dotation communale générale par la Région et de la prise en charge des pensions statutaires par la Région et le fédéral
  • Nous soutenons la demande des CPAS bruxellois d’un financement fédéral à 95 % des revenus d’intégration sociale.

Vision

Une conception néolibérale de la ville prédomine actuellement dans le monde politique en Belgique et en Région de Bruxelles-Capitale. Une vision où les communes sont mises en concurrence les unes avec les autres, pour attirer les touristes et les ménages à haut pouvoir d’achat. Une vision où les pouvoirs publics se retirent en faveur des acteurs privés quand il s’agit de création d’emploi ou de logements, et se limitent à subsidier ces acteurs privés. Une vision où les activités productives et les travailleurs qui en vivent sont de plus en plus absents. 

Dans une des régions les plus riches d’Europe, cette vision néolibérale est à l’origine du manque de financement structurel des communes et de l’absence d’un système de solidarité entre les communes bruxelloises, les obligeant ainsi à toujours plus d’économies et, dans les faits, à restreindre de plus en plus leurs missions publiques. Comme les salaires des travailleurs communaux représentent une des dépenses les plus importantes de la commune, cette logique pousse aussi les communes vers les emplois précaires, la privatisation des services, la sous-traitance vers les ASBL ou même vers des sociétés commerciales. Pour le personnel, c’est la charge de travail qui augmente et les salaires qui ne suivent pas la vie chère. Pour les citoyens, c’est la qualité du service qui se détériore : nettoyage insuffisant, enseignants non remplacés, files d’attente rallongées…

Nous estimons que la politique de l’emploi à Molenbeek est paralysée : d’une part, par l’idée libérale selon laquelle on ne peut pas mettre le moindre bâton dans les roues des entreprises privées et, d’autre part, par le tabou libéral autour des emplois publics. Pour protéger les emplois actuels et permettre à plus de Molenbeekois de travailler, nous devons rompre avec cette vision. Quand le marché privé ne réussit clairement plus à garantir un emploi digne aux Bruxellois, il est temps d’oser une autre politique. Osons développer une politique de création d’emplois publics.

Un. Un plan de rétablissement de nos services communaux

Molenbeek doit faire face à plus de défis que jamais avec un quart de personnel communal en moins, comparé à la moyenne des communes. Cela veut dire plus de charge de travail pour le personnel communal, et un service aux citoyens sous pression. Aujourd’hui, Molenbeek est sous-financée par la Région et par le fédéral. Les moyens supplémentaires que la commune reçoit ne compensent pas ses faibles recettes et ne suffisent pas du tout face aux défis sociaux. Et au niveau fédéral et régional, les partis traditionnels préparent l’austérité future.

Nous refusons cette austérité sur le dos du personnel communal, comme le font certaines communes qui coupent 5 à 10 % de leur personnel. Molenbeek ne peut pas garantir un service à la population avec encore moins de personnel. Certains services manquent déjà aujourd’hui d’effectifs pour faire le boulot correctement. Songeons par exemple aux files d’attente quotidiennes devant le service démographie, et particulièrement pour le service étrangers – mais cela vaut pour d’autres services aussi.

Nous proposons de diminuer au maximum les cabinets des échevins. Le cabinet est composé de collaborateurs politiques des échevins, payés par l’argent du contribuable. Il arrive que des collaborateurs de cabinet se comportent comme les directeurs de « leur » administration, et s’ingèrent directement dans l’organisation des services. Ce n’est pas leur rôle, et cela contribue au mal-être du personnel, leur rajoute une pression, et souvent est source de politisation de dossiers personnels ou même de clientélisme.

Nous préférons diminuer le nombre de collaborateurs de cabinet afin de pouvoir engager plus de personnel communal. Cela a l’avantage de diminuer l’ingérence politique dans les services politiques, et cela obligera les politiques à s’appuyer réellement sur les administrations, au lieu de s’y substituer.

Nous renforçons le service des Ressources humaines pour augmenter l’efficacité et l’efficience de la gestion du personnel. Nous réalisons une étude pour évaluer les tâches et procédures de tous les services, afin d’objectiver les charges de travail et de déterminer les possibilités d’optimisation des procédures. Cela permettra d’attribuer plus équitablement les moyens humains. Nous instaurons des procédures d’évaluation et de fonctionnement afin de garantir que la meilleure personne soit au meilleur endroit. Nous garantissons que chaque service ait un directeur, qui permette un suivi et un accompagnement journaliers. Nous créons un service de contrôle, comme l’impose la Nouvelle Loi Communale, afin de suivre le respect des protocoles et réglementations.

Nous ne pouvons pas réaliser cela sans une implication active du personnel et de ses représentants syndicaux. Le personnel connaît son travail et est une source de propositions pour évaluer et optimiser le fonctionnement des services. Nous valorisons leur expertise plutôt que de payer cher des consultants externes.

Nous choisissons d’investir dans notre propre expertise communale des marchés publics, dans le service juridique et pour les rénovations importantes. Ces investissements sont nécessaires pour mieux protéger les intérêts communaux face aux sociétés et promoteurs privés dans les marchés publics, les chantiers et les contentieux.

Nous rétablirons un dialogue social respectueux avec les représentants du personnel. Nous considérons les syndicats comme des partenaires importants pour réaliser les missions d’un bon service public.

Nous investissons davantage dans la formation du personnel afin que le personnel ait des perspectives de développement, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de nos services. Nous soutenons la demande des syndicats d’augmenter surtout les salaires des niveaux E et D. Nous soutenons la nomination du personnel, car le statut protège le personnel et garantit aussi la continuation des pensions publiques.

Deux. Un Plan Jobs Jeunes

La politique est paralysée par l’idée libérale selon laquelle on doit le plus possible faciliter les choses pour les entreprises privées. Les communes sont censées créer les conditions favorables aux investissements, mais ne sont pas là pour créer des emplois publics : voilà la vision des partis traditionnels sur la « co-production » de la ville par le privé et le public.

Nous voulons mettre l’accent sur un plan Jobs pour nos Jeunes. Nous voulons garantir à chaque jeune - immédiatement après ses études - de pouvoir faire une première expérience d’emploi. Pour y arriver, nous renforçons la collaboration avec Actiris, la mission locale et le CPAS. Actiris peut aider par sa Formation Professionnelle et Individuelle en entreprise. La Mission locale peut aider en faisant le match entre les entreprises et associations locales et les jeunes. Le CPAS peut aider les jeunes qui ont des difficultés à trouver un premier emploi sur le marché d’emploi régulier en offrant au moins un an d’expérience de travail via les article 60 et 61.

Nous voulons soutenir la formation des jeunes en augmentant considérablement le nombre de jeunes dans un trajet de formation. Cela commence par motiver des jeunes à suivre des formations d’animateur bénévole ou d’animateur sportif dans leurs associations respectives. Nous voulons ensuite multiplier le nombre d’opportunités pour des jobs étudiants. Nous organisons des activités parascolaires dans toutes les écoles. Nous augmentons l’offre de jobs étudiants dans les différents services communaux (sans préjudice pour les emplois existants). Nous centralisons l’offre de jobs étudiants communaux et des entreprises molenbeekoises sur le site de la commune. Par le biais du CPAS nous garantissons à chaque jeune en stage d’insertion professionnelle une formation ou un emploi.

Nous soutenons et collaborons activement avec les initiatives de formation professionnelle existantes. Nous soutenons ou initions activement de nouvelles initiatives de formation dans les secteurs culturel, sportif, des soins ou dans les métiers en pénurie.

La mission locale ne peut pas s’inscrire dans la logique de la chasse aux chômeurs. Ces dernières années, les missions locales ont été submergées par la procédure d’activation qui oblige les chercheurs d’emploi à se présenter pour prouver leurs démarches. La conséquence est que l’accompagnement réel a été mis sous pression par cette charge administrative. Plusieurs missions locales ont dû fermer leurs portes, car elles étaient dans l’incapacité d’encore traiter plus de nouvelles demandes.

La mission locale doit contacter les entreprises molenbeekoises pour établir les emplois futurs nécessaires. Dans les grandes entreprises, administrations, banques et services de la commune, des centaines de travailleurs partiront à la retraite dans les dix années à venir. Faisons un cadastre des profils nécessaires pour remplacer ces travailleurs. La mission locale peut organiser, en collaboration avec les services régionaux de formation, les formations et stages nécessaires pour préparer des candidats pour ces fonctions.

Trois. Défendre des services communaux et publics, contre la privatisation

L’Europe veut libéraliser de plus en plus de services publics et les mettre en concurrence avec des multinationales. Le sous-financement chronique des communes pousse à supprimer des emplois communaux. Dans la vision libérale, le personnel représente avant tout une « charge » à réduire. Alors, les communes décident parfois « d’externaliser » des services. Sous la pression financière, certains suggèrent déjà de privatiser toutes les équipes d’accueil extrascolaires, nos crèches molenbeekoises (après qu’une partie des crèches ont déjà été privatisées), ou encore de sous-traiter au privé la piscine de Molenbeek. D’autres pensent à (semi –) privatiser le home Arcadia.

Mais en faisant cela, la commune contribue activement à saper la fonction publique. Le contrôle démocratique de la population sur les choix et la qualité de ces services externalisés diminue. Alors que dans une crèche publique, les parents peuvent réclamer des améliorations auprès des autorités communales, pour une crèche privée ou en ASBL, c’est déjà moins le cas. À la commune, les syndicats sont assez forts pour se faire entendre concernant les conditions de travail du personnel. Pour de petites entités privées, souvent sans délégation syndicale et avec des budgets limités, il est beaucoup plus difficile de faire respecter les réglementations du travail, comme le prouvent les problèmes récurrents des homes privés et comme l’a démontré le scandale dans les maisons de repos Orpéa.

Nous voulons évaluer quelles ASBL paracommunales, dont les missions sont en fait des missions communales, peuvent être réintégrées dans l’administration communale. Actuellement, on se retrouve avec un personnel moins bien rémunéré qui fait parfois le même boulot que le personnel communal.

Pour permettre un contrôle politique et démocratique et garantir que ces organismes fonctionnent dans l’intérêt public, et pas pour l’enrichissement d’une poignée de dirigeants et politiciens, nous voulons développer la participation démocratique dans les organismes publics, en permettant aux usagers d’élire des représentants dans les organes de décision, comme cela se fait notamment au Québec.

Pour les habitants, les services publics sont un patrimoine précieux. Qui d’autre s’occupera de nos enfants et de nos personnes âgées ? Qui d’autre assurera la propreté des rues ? Qui d’autre nous aidera dans toutes sortes de problèmes administratifs ? Qui organisera le sport, la culture et les loisirs ? Les autorités communales doivent embaucher le personnel nécessaire en lui assurant un bon statut.

Certains prétendent qu’il importe peu qu’un service soit privé ou public, pourvu que ce service existe. Pour le PTB, le public constitue bel et bien une plus-value. Dans les services publics communaux, le service peut réellement occuper une position centrale, au lieu du profit et de la rentabilité. Les travailleurs de la commune attachent beaucoup d’importance au sens social de leur travail. Ils en sont cependant souvent empêchés par la lourdeur des procédures, la pression trop élevée du travail et le manque de personnel. L’image du fonctionnaire qui prend des raccourcis est déplacée. Le personnel communal mérite toute notre confiance et notre respect. Les pompiers savent mieux que les échevins quelles sont les meilleures tenues de travail, les employés des guichets savent très bien comment on peut proposer un bon service à tout le monde. Pour cela, il n’est nul besoin d’engager des bureaux de consultance qui coûtent les yeux de la tête.

Les communes font aussi de plus en plus appel à des sociétés privées pour faire le boulot qui avant était fait par leur propre personnel. Des travaux de voirie ou de rénovation sont de moins en moins exécutés par les services propres, et de plus en plus via des entreprises externes. Les entreprises privées qui participent à ces marchés publics veulent diminuer leurs coûts pour gagner le marché public. À leur tour, ils font appel à des sous-traitants qui paient leur personnel (parfois étranger) beaucoup moins que le salaire habituel, jusqu’à même exploiter des travailleurs sans-papiers. L’offre d’emploi pour un coordinateur de chantier de la ville de Bruxelles était significative : « parler le polonais est un atout ».

Cela ne peut pas continuer. La commune doit prendre ses responsabilités dans la lutte contre le dumping social. Molenbeek dispose de bien des atouts pour assurer des emplois de qualité. Dans les adjudications, la commune doit mieux prendre en main la régie afin de mettre un terme aux situations déplorables sur les chantiers de construction et dans les travaux routiers. Les firmes désignées doivent respecter les salaires, les heures de travail et la sécurité au travail. Nous voulons une charte communale avec ces mesures contraignantes contre le dumping social. Avec une telle charte, proposée par les syndicats, nous exclurons les situations inacceptables et nous aurons en main les clés nécessaires pour protéger des emplois à part entière à l’aide de contrats dignes de ce nom.

Quatre. Une commune représentative de sa population, sans discriminations

Molenbeek est une commune très diverse. Nous voulons que nos entreprises et administrations soient à l’image de notre population. Actuellement, ce n’est pas encore le cas. Encore trop de fonctions ou de secteurs ne sont pas – dans les faits – accessibles à l’ensemble de la population. Cela s’appelle l’ethnostratification. Les travailleurs avec des racines dans l’immigration se trouvent surreprésentés dans des fonctions et secteurs peu ou sous-qualifiés, sous-payés. Ce n’est pas seulement à cause d’un niveau de formation moins élevé pour ces travailleurs : des études montrent que des travailleurs diplômés ont également des difficultés à accéder à certains emplois. À diplôme égal, des demandeurs d’emploi d’origine maghrébine ou subsaharienne doivent chercher deux fois plus longtemps que leurs collègues nés de parents belges à la naissance. Ils ont aussi moins de chances d’avoir trouvé un emploi après les 12 mois de stage d’insertion.

Nos communes doivent activement combattre les discriminations. Suite à une proposition du PTB en 2018, Molenbeek a adhéré au Réseau européen de villes contre le racisme et la discrimination. Pour s’y conformer, la commune doit élaborer un plan contre le racisme et contre les discriminations. Or, six années plus tard, ce plan diversité n’existe toujours pas. L’échevin Achaoui a dû déposer plainte contre sa propre commune parce qu’il juge qu’elle n’a pas agi face à des propos racistes.

La commune doit élaborer un plan diversité pour combattre les discriminations tout au long de la carrière. Elle doit activement former son personnel et prendre des mesures positives pour corriger la non-représentativité dans certains départements et dans certaines fonctions. Mettre fin à toute discrimination veut dire aussi : en finir avec la discrimination de fait des candidates valables pour la seule raison qu’elles portent des signes convictionnels. La commune doit respecter la décision du conseil de 2020 dans ce sens.

Suite à une proposition du PTB, le conseil communal a approuvé d’ouvrir un guichet anti-discrimination. Un guichet de proximité où des travailleurs et travailleuses, victimes de discrimination, peuvent se faire accompagner pour déposer plainte et faire valoir leurs droits, à l’exemple des Pays-Bas. Nous garantissons que cette décision du conseil soit appliquée, et ne se fera pas attendre encore 6 années.

Cinq. Soutien aux commerçants locaux

Nous impliquons les commerçants lors de plans de mobilité ou travaux, de projets urbanistiques (Gare de l’Ouest, Lion City, …) ou de réformes politiques leur touchant. Aujourd’hui, des projets sont lancés, sans concertation préalable, comme p.ex. l’idée d’un Chaussée de Gand piéton une fois par mois.
Nous soutenons les associations de commerçants locaux, en les aidant dans leur gestion et leurs projets.  Et nous faisons la promotion de nos atouts touristiques et commerciaux locaux (festivités, commerces, brocantes, hôtels, musées, culture).
Nous investissons plus dans la sécurité de nos axes commerçants, comme la Chaussée de Gand. 
Nous élaborons avec les commerçants, riverains et usagers du secteur “Place communale - Chaussée de Gand” un plan répondant aux problèmes actuels de parking et de mobilité. Une partie de la solution pourrait consister à revaloriser le parking Brunfaut et à ouvrir les parkings Decock et Taziaux.
Nous soutenons les marchés existants et développons des nouveaux marchés. 
Nous favorisons dans nos politiques les petites entreprises face aux multinationales par des taxes et loyers justes (plus petits pour les petits). Dans la commune de Zelzate (Flandre Orientale), où le PTB est en majorité, une taxe touchant les ménages et petites entreprises a été diminuée en faisant plus contribuer la multinationale ArcelorMittal.
Nous aidons nos PME à trouver du personnel, et avoir accès aux aides et subsides.

Six. Une production durable

Une ville n’est pas qu’un lieu de consommation ou de services, mais aussi un lieu de production. Ces activités productives sont nécessaires pour subvenir à nos besoins. Des logements et infrastructures collectives sont construits ou rénovés. Une partie de notre énergie y est produite par nos panneaux solaires. De la production alimentaire jusqu’aux couturiers artisanaux, nous ne pouvons pas nous imaginer une ville sans production.

Mais depuis les années 80, les activités productives tendent à disparaître de la ville. La raison la plus importante est qu’il devient impayable pour des producteurs de s’installer en ville. Il y a d’abord la pénurie de logements qui a créé une flambée des loyers. Mais les promoteurs immobiliers veulent encore plus. Ils voulaient faire sauter l’interdiction de construire des logements sur les zones urbaines destinées à l’industrie : les autorités publiques ont satisfait cette demande, et les zones industrielles sont devenues des zones mixtes (industrie et logement). Les marges de profits extraordinaires du marché immobilier ont fait le reste. La construction de logements l’emportait dans les quelques zones accessibles encore aux producteurs et artisans.

La commune a besoin d’activités productives et des emplois que représente la production. Une commune a besoin d’une diversité d’offres d’emplois. Or, actuellement, il manque cruellement d’emplois manuels ou de qualification technique et professionnelle. Le secteur productif (industriel ou artisanal) offre des emplois stables, avec des salaires corrects, pour ces travailleurs. Alors que maintenant le secteur des services n’offre que des emplois souvent trop flexibles ou mal payés aux travailleurs de faible qualification.

Dans les années à venir, il y a deux secteurs économiques qui prendront de plus en plus de place : la rénovation et l’isolation de notre bâti (et, lié à cela, le secteur du recyclage) et la production d’énergies renouvelables. À Molenbeek, la moitié de nos logements date des alentours de la Deuxième Guerre mondiale. La rénovation et l’isolation de ces logements vont créer des centaines d’emplois dans l’avenir. Nous voulons créer un pôle public ou coopératif de rénovation et d’isolation. Cette société publique pourra concentrer l’expertise nécessaire dans ce secteur d’avenir. Elle pourra former, créer des emplois et coordonner des sociétés molenbeekoises plus petites afin d’accéder aux marchés publics de rénovations importantes ou collectives.

Finalement, nous voulons initier et soutenir des initiatives publiques ou coopératives de production d’énergies renouvelables. En Allemagne, de très nombreuses villes, grandes et petites, offrent à leurs citoyens une énergie moins chère et plus verte, à tel point que certaines communes, devenues entièrement autonomes, ne connaissent plus la crise énergétique. Autant de modèles inspirants de transition écologique qui soulagent en même temps la vie des ménages.

Le Plan Canal actuel est trop orienté à changer la zone du canal en une zone résidentielle haut de gamme. Le PTB veut assurer qu’aux abords du canal, le long des quartiers populaires, des activités productives modernes puissent se maintenir et se développer. Réinventer le canal comme voie de transport du 21e siècle est crucial pour désengorger notre ville des transports de marchandises.

Pour ces raisons, nous voulons créer dans la zone du canal des zones exclusivement réservées aux activités productives. Dans les zones mixtes existantes, un encadrement des loyers doit plafonner les prix pour donner une chance aux producteurs de s’y installer.

Tout le long du canal, nous voulons favoriser les activités nécessaires au développement durable de notre ville, comme les activités liées à la construction de nouveaux logements passifs, à la rénovation et à l’isolation du bâti existant. Mais une ville durable nécessite aussi une économie circulaire. Dans cette zone, nous voulons développer des activités de recyclage et de réparation, sous forme d’initiatives d’économie sociale, publiques ou privées. Finalement, une ville durable a besoin d’un circuit alimentaire court et durable comme alternative au modèle « grande surface ». Afin de pouvoir alimenter les commerces de quartier, il est nécessaire de maintenir les commerces de gros et les marchés matinaux. Nous voulons aussi y développer la part bio, en étroite collaboration avec les producteurs locaux ou de proximité. Pour préserver les commerces locaux, nous mettons fin aux flambées de prix des espaces commerciaux, en imposant un encadrement des loyers commerciaux.

Sept. Le refinancement de la commune et du cpas nécessite une rupture régionale et fédérale

Refinancer les communes passera par le refinancement de la Région de Bruxelles-Capitale, comme le demande le PTB. Les partis qui font croire à la population qu’ils pourront répondre aux besoins sociaux et climatiques avec une Région sous-financée préparent déjà la trahison postélectorale de toutes leurs promesses. Bruxelles est une des régions les plus riches d’Europe. Notre région génère près de 20 % des richesses du pays mais reçoit moins de 9 % des rentrées fiscales. Notre région offre une série de services et d’emplois à l’ensemble du pays – et c’est normal, elle joue son rôle de capitale – mais elle doit avoir les moyens pour assumer cela.

La Région doit financer correctement les communes, qui doivent faire face à de plus en plus de missions. Le sous-financement pousse aux inégalités et au désinvestissement social. La Région doit libérer les moyens pour revaloriser la fonction publique, les barèmes et les salaires. Il faut une rupture avec ces politiques de gestion de la misère. Optons pour des politiques qui favorisent l’égalité et stimulent des investissements communaux sociaux.

La Région doit oser une fiscalité plus juste visant les gros promoteurs et investisseurs immobiliers, mais aussi une fiscalité plus solidaire entre communes. Aujourd’hui, ce sont les communes les moins démunies qui lèvent les taux de taxes les plus importants. Il faut des mécanismes de solidarité corrects entre communes, qui permettent que les communes les plus riches contribuent plus.

Nous voulons une solution structurelle au financement des pensions dans les administrations locales. Ces dernières années, les budgets des communes sont mis sous pression par la facture des pensions. Les fonctionnaires pensionnés sont payés avec les cotisations sociales sur les rémunérations des fonctionnaires qui travaillent. Mais, du fait que les communes ne nomment plus suffisamment de personnel statutaire depuis des années, la base financière des pensions de ses fonctionnaires à la retraite se vide, naturellement. Nommer davantage de fonctionnaires avec un statut bien établi est la meilleure garantie pour résoudre le problème des pensions du personnel communal. Les autorités régionales et fédérales doivent prendre leurs responsabilités et intervenir financièrement.

Nous voulons mieux valoriser le personnel communal. Nous voulons améliorer le bien-être du personnel âgé en introduisant notamment la réduction du temps de travail, avec embauches compensatoires et maintien de salaire. Pour généraliser la réduction du temps de travail, un refinancement des communes sera nécessaire. Nous nous inspirons de bonnes expériences. Ainsi, la ville suédoise de Göteborg a lancé une expérimentation novatrice dans une de ses maisons de repos municipales : le personnel soignant y a travaillé avec un nouvel horaire temps plein de 30 heures par semaine. Résultat : des personnes âgées très satisfaites de la meilleure qualité du service et des travailleurs en meilleure santé eux aussi ; moins d’absentéisme et plus de bien-être au travail. Pour bien des travailleurs communaux de Molenbeek aussi, la réduction du temps de travail constituerait un énorme soulagement.

Nous voulons un financement à 100 % des revenus d’intégration sociale (RIS) par le fédéral. Aujourd’hui, les communes doivent payer 30 % de ce RIS : elles ont donc intérêt à ne pas se montrer trop « accueillantes » pour les personnes bénéficiaires du RIS, et refusent ainsi la construction de logements sociaux. C’est tout le contraire qu’il faudrait faire. Ici encore, il n’est pas normal que les communes les moins favorisées doivent payer la plus grosse part pour subvenir aux besoins de leur population.